Exit les GAFA, en Chine on ne connaît que les BATX - Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi - les clones asiatiques de Google, Amazon, Facebook et Apple.
Des rivaux qui ont aujourd’hui la capacité financière et technologique de concurrencer les Américains sur le marché mondial et sans doute de les taquiner sévèrement dans la guerre de l’e-commerce qui se prépare.
À l’instar de Tencent qui vient de dépasser Facebook en bourse, atteignant l’équivalent de 523 milliards de dollars de capitalisation, Alibaba réussissait déjà en 2014 la plus grande introduction boursière de l’histoire en levant à Wall Street plus de 25 milliards de dollars. Un phénomène intimement lié au rôle prépondérant de l’Etat dans le China Wide Web. Dès 1984, date de la première connexion internet en Chine, l’Etat joue la carte d’un protectionnisme opportuniste par une planification volontaire, de gigantesques investissements en infrastructures et une politique sans complexe de gestion du Net chinois comme un intranet isolé du reste du monde. Aujourd’hui le Grand Firewall, Fanghuo Changcheng, dénommé par analogie avec la Grande Muraille de Chine, entoure le pays d’un bouclier électronique qui ne cesse de se perfectionner dans son mécanisme de contrôle et de censure. Attribution des adresses IP ; enregistrement obligatoire des sites et des domaines ; police de l’internet, forte de 50 000 hommes et femmes en charge de lire et supprimer quotidiennement les messages privés, courriels, SMS et les articles des blogs ; suppression des services étrangers de VPN permettant de contourner la barrière numérique et de se connecter au web mondial ; arrestation des leaders d’opinion, fussent-ils.elles milliardaires et suivi.e.s par des millions de followers tels le sino-américain Charles Xue Biqun ou le magnat de l’immobilier Ren Zhiqiang ; ingérence dans les comités exécutifs des géants privés du Web doublée du partage de responsabilité avec les auteur.e.s de posts jugés « sensibles »… l’ordre social numérique du parti-Etat prime sur la liberté d’expression et les grands opérateurs privés chinois sont priés, au sein de l’Association Nationale de Cybersécurité, d’en respecter les règles.
En autarcie et sous surveillance complète, l’industrie du Net chinois n’en est pas moins l’une des plus dynamiques au monde. L’économie numérique pesait en 2016, 2 800 milliards d’euros soit 7% du PIB. Reste à savoir si les dizaines de milliers de jeunes se lançant avec fougue dans les nouvelles technologies en suivant notamment l’exemple de Jack Ma, le charismatique patron d’Alibaba, arriveront à se faire une place sur un terrain âprement occupé par les titans du Web chinois.
B comme Baidu
C’est le moteur de recherche du Web chinois. Créé en 2000, Baidu est devenu le quatrième site le plus visité du monde derrière YouTube, Facebook et Google. Au fil des ans et des tracasseries administratives limitant ses recettes publicitaires, il s’est diversifié. Après un service de cartographie, des solutions de stockage, de paiement en ligne, de diffusion de musique et de films, ainsi qu’un partenariat avec Netflix, la voiture sans chauffeur semble le nouveau cheval de bataille de Baidu.
A comme Alibaba
Créé en 1999 par le cultissime Jack Ma, Alibaba a dépassé son maître américain, Amazon, en devenant la première société d’e-commerce dans le monde. Avec 485 milliards de dollars de vente en 2016, c’est aussi le premier distributeur mondial devant Walmart. Un succès peut-être dû à la position non concurrentielle de sa plateforme Taobao proposant aux commerces physiques de proximité ou aux particuliers d’y héberger leurs boutiques en propre. Sur un qui-vive concurrentiel permanent face à d’autres géants tels que Tencent ou JD.com, le serial-entrepreneur a investi dans des plateformes comme Youku Tudou (Youtube chinois) et Sina Weibo (équivalent de Twitter). Et a lancé un système de paiement en ligne, Alipay, permettant de payer sur le site, mais également ses restaurants, son taxi, son électricité et même ses impôts. Aujourd’hui, Alibaba se concentre sur une activité de cloud et d’hébergement ainsi que son corollaire de valeur, le traitement des données par Intelligence Artificielle.
T comme Tencent
Tencent avec sa « super app » WeChat, créé en 2011 est le Facebook chinois qui aurait réussi à capter sans limite le quotidien des internautes. Une plateforme tout-en-un, regroupant plusieurs fonctionnalités indispensables allant de la publication de ses « moments » à la messagerie instantanée type WhatsApp, de la transmission de fichiers comme sur WeTransfer au paiement en ligne, en passant par l’addictif message audio d’une minute. Tencent est aussi le fondateur de QQ en 1998, la première messagerie instantanée chinoise aux 900 millions d’utilisateurs. Une tactique monopolistique qui s’étend à tous les domaines du Net. Tencent, présidé par Ma Huateng, deuxième fortune de Chine selon Forbes, est aussi un poids lourd du streaming musical et des jeux vidéo.
X comme Xiaomi
Constructeur de smartphones, entre autres, Xiaomi, créé en 2010 a dépassé en parts de marché les Samsung et autre Apple, en moins de cinq ans. Ce géant a fait passer la Chine au Mobile Only, quand la population européenne parlait de Mobile First. En doublant sa part de marché en une année, la firme fondée par Lei Jun, s’était hissée, en 2014, à la première place du podium en Chine et au 5e rang mondial. Après un trou d’air en 2016, dû à la faiblesse de son réseau de distribution « en dur », permettant à ses rivaux (Huawei, Oppo et Vivo) de s’engouffrer, Xiaomi repart dès 2017 vers une conquête, notamment internationale, exponentielle.